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mercredi 4 janvier 2012

Petite notice sur Charles Vincens (1833-1916), en vue du prochain catalogue



Charles Vincens (Marseille 15 octobre 1833 - 6 février 1916)

La Librairie Trois Plumes dispersera prochainement une collection d’autographes dont la base de départ est la correspondance littéraire et musicale de Charles Vincens, sa collection littéraire et musicale, avec quelques documents provenant de Charles Yriarte, de Poulet-Malassis, de Jules Janin, en partie augmentée par une tierce personne, notamment de courriers adressés à Georges Clémenceau.

          Charles-Jules Vincens est issu d'une famille d'assureurs maritimes (au moins la 5e génération) et dans laquelle le culte de la musique avait une place importante.
           Ainsi, on retrouve Auguste Vincens, son grand père, membre de l’académie de Marseille en 1827 (fauteuil 32), musicien et compositeur amateur (il tenait à cette qualification), maître de la chapelle de la Cathédrale qui mourut l’archet à la main alors qu’il dirigeait l’exécution d’une messe de Cherubini en l’église Saint-Victor en 1836. De son vivant, il fit beaucoup pour la musique à Marseille, organisant des auditions, des concerts, composant diverses mélodies et n’hésitant pas à diriger des œuvres de compositeurs totalement inconnus en France à l’époque.

          Par ailleurs, la famille Vincens et la famille Rostand (dont sont issus notamment Edmond l'écrivain et Alexis le compositeur) étaient très proches depuis au moins quatre générations. Nous sommes notamment en possession d’une copie imprimée d’un texte signé Ant[oine]. Vincens, le père de Charles, nommant Alexis Rostand (le compositeur, oncle d’Edmond Rostand), sous-directeur du Comptoir d’Escompte à Marseille, second fils de son ami Joseph Rostand (lui-même fils d’Alexis Rostand, maire de Marseille), comme exécuteur testamentaire en 1873.

          Charles Vincens fut donc lui aussi élevé dans l’amour de la musique et fut aussi un amoureux des lettres, proche de bien des écrivains, sans jamais publier de littérature, même s’il semble qu’il l’aurait beaucoup aimé. Il écrivait par exemple à Jules Roumanille en s’adresse à son "Cher Maître"  et fit de nombreuses critiques littéraires et artistiques dans différents journaux.
          Il fut aussi un critique musical très reconnu, qui publia plus de 600 feuilletons musicaux dans la Gazette du Midi, sous le pseudonyme transparent de Karl Cisvenn (ou parfois Carl Cisvenn), collaborant pendant plus de 50 ans (Alexis Rostand parlait de la haute notoriété de Cisvens).
          Il entra à l’Académie de Marseille le 26 juillet 1883, au fauteuil 33 (classe des beaux-arts). Il remplaça à ce fauteuil le compositeur Auguste Morel, directeur de l’école du musique et de déclamation de Marseille, dont il fut le secrétaire.Il fut transféré le 23 avril 1896 au fauteuil 18 (classe des lettres). Ce fut d’ailleurs Alexis Rostand qui fit la réponse à son discours. Il en fut chancelier, puis directeur en 1892, archiviste à partir de 1893, secrétaire du 1er décembre 1892 jusqu’en janvier 1900 et trésorier pendant « très longtemps » (il l’était encore en 1914, à la mort de Mistral).
          Quoique membre du parti catholique et conservateur, Charles Vincens était apprécié des personnes de tout parti.

Il eut de nombreuses responsabilités un peu partout :
-         Président du comité des assureurs maritimes (il en était le doyen)
-         Conseiller de direction de la Caisse d’épargne des Bouches-du-Rhône
-         Administrateur de la Banque Populaire
-         Vice-président de l’association polytechnique
-         Président de la société de secours mutuels des artistes musiciens
-         Membre de la chambre syndicale de la société pour la défense du commerce et de l’industrie
-         Membre correspondant de la société des études historiques et de la société philotechnique de Paris
-         Vice président de l’œuvre hospitalière de nuit
-         Etc.

          On compte plusieurs homonymes en littérature à l'époque. Tout d'abord madame Charles(-Ernest) Vincens, qu'on trouve parfois orthographié Vincent, plus connue sous le pseudonyme d'Arvède Barine. Il s'agit bien de deux Charles Vincens différents.
          L'autre homonyme est Charles Vincent, qui se cachait avec Charles Causse derrière le pseudonyme Pierre Maël. On trouve très peu d'informations anciennes sur ce Charles Vincent et ce sont bien là deux personnes différentes, même si elles étaient très proches toutes les deux, Vincent étant catholique et légitimiste, Vincens étant membre du parti catholique et conservateur  et tous deux auraient aimé avoir une place plus important en littérature.