Jean-Gabriel Peltier, Le
Martirologue ou l’Histoire des Martyrs de la Révolution.
Coblentz & Paris, Artaud,
1792. In-12, [4]-471-[1]p.
Edition originale de cet ouvrage vendu « 5 liv. broché, avec 3 Planches gravées ». Les trois planches
sont intéressantes et révélatrices du contenu de l’ouvrage. L’ouvrage est
divisé en deux parties (on trouve parfois la mention erronée de deux tomes) et
connut, semble-t-il, une autre édition partagée avec Déjosez à Liège.
Frontispice :
« La France éplorée à la vue des meurtres et des incendies »
avec une citation de Virgile (Luctus
ubique pavor et plurima mortis imago). On y voit un bâtiment en feu, des
bâtiments - dont une église - saccagés, des corps gisant sur le sol dont un est
sans la tête, des têtes seules et au milieu, la France à genoux, se tirant les
cheveux.
P.75 : « La
terrible Nuit du 5 au 6 Octobre 1789 » avec une autre citation de
Virgile (Quis cladem illius noctis, quis
funera fando explicet). Au premier plan, le duc d’Orléans est sur la place
d’Armes, souriant au milieu de la foule. Pendant ce temps, un groupe plus
revendicatif entre dans le château de Versailles et se dirige vers les
appartements de la reine Marie-Antoinette, qu’on aperçoit au milieu de la
gravure avec un de ses enfants. A ses pieds, un personnage dont on imagine bien
le sort prochain quand on voit la femme levant son épée.
P.235 : « Les
Ténèbres Constitutionnelles » avec une phrase latine de la Bible (incipit lamentatis Jeremiae prophetae).
Les députés, probablement de l’Assemblée constituante, sont rassemblés dans la Salle du Manège. Au fond se trouve la
tribune de l’orateur (en réalité sur le côté mais placée là sur la gravure pour
plus de commodité). Sur les côtés se trouvent les députés, assis en rang. En
hauteur, les tribunes réservées au public dans lesquels on aperçoit quelques
femmes. Au centre, 13 cierges représentant différents « privilégiés » de la
monarchie : les fermiers-généraux, le Châtelet, les Ducs & Pairs, les
Archevêques, etc. et bien entendu le roi. 12 cierges sont déjà éteints et un
ecclésiastique s’apprête à éteindre le dernier cierge, celui du roi, avec un
éteignoir.
Ces trois gravures
représentent bien la caricature antirévolutionnaire de l’époque, l’ouvrage
étant d’ailleurs imprimé à Coblentz, siège de l’armée des émigrés. L’auteur est
d’ailleurs bien connu pour ses positions royalistes, étant le créateur des Actes
des Apôtres, fameux journal dans lequel écrivit notamment Rivarol. Le
livre se veut un recueil des actions, traitrises, meurtres, etc. attribués à la
révolution.
Notons le côté comique du libraire
parisien, Artaud, qui édite cet ouvrage en étant « à l’Assemblée Nationale, près le bureau du Contre-Seing ».
L’édition est belle, bien
imprimée sur un beau papier vergé, grand de marge (et non rogné). Les gravures
sont aussi de beaux tirages sur un beau papier plus épais.
Broché, couverture vieux rose,
petits manques à la couverture. Non rogné, en grande partie non coupé.
Très bel exemplaire, ouvrage rare.