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mardi 30 janvier 2024

1537 - Castiglione - Le Courtisan - 1ère édition complète

 Baltassarre Castiglione, Le Courtisan nouvellement traduict de langue Ytalicque en vulgaire Françoys.

Paris, Jehan Longis & Vincent Certenas [i.e. Sertenas], 1537. In-8 (152*95mm), 144[chif. 145, pas de f88 sans manque]-[1bl]-113-[1]f.


Seconde édition en partie originale et la première édition en lettres rondes et la première édition complète, exemplaire de second état (inconnu des bibliographes), suivant de peu l’édition gothique publiée en avril 1537. Notre édition est ainsi la première à avoir le second livre au complet et le prologue au lecteur. L’ouvrage original, publié en italien à Venise en 1528, est un des ouvrages fondamentaux de la littérature italienne de la Renaissance. Castiglione avait  pensé, dans un premier temps, dédier l’ouvrage à François Ier.


Notre exemplaire, bien complet, est très curieux car le f.88 n’existe pas. Les deux exemplaires que nous avons pu identifier, celui numérisé sur google books[1] et celui vendu par la librairie Lardanchet[2], n’ont pas cette particularité et ont bien 145 feuillets. Pour celui qui est facilement consultable grâce à la numérisation, le cahier L contient bien 8 feuillets du f.81 au f.88 quand notre exemplaire n’en contient que 7 du f.81 au f.87 avec un texte qui suit parfaitement. Il s’agit en fait d’une censure faite par l’imprimeur à cause d’un passage critiquant la cour de France. Ainsi, au f.85 de l’exemplaire numérisé, on trouve notamment : 

« Et si vous prenez garde à la court de France […] vous trouverez que ceulx qui y ont grace, universellement tiennent du presumptueux, & non seulement lung avecques laultre : mais encores avecques le Roy mesmes ».

Sur notre exemplaire, le f.84 se termine par : « mais de ceulx qui soyent reuenus par mo[dération]» ; le f.85 commence par : « [mo]deratiõ a chercher grace ou faueur par voyes indeues ou vicieuſes, & par moyens de mauluaise sorte ».

Sur l’exemplaire numérisé, le f.84 se termine de la même manière mais le f.85 commence par : « [mo]dération, quant à moy ie nen congnois pas ung » alors que le f.86 commence par « donner a chercher grace ou faueur par voyes indeues ou vicieuſes, & par moyens de mauluaise sorte ».

On remarque donc que le texte du f.85 a quasiment entièrement disparu pour censurer cette critique de la cour. De plus, notre f.85 est quasi identique au f.86 de l’exemplaire numérisé et nos f.86 et 87 sont identiques aux f.87 et 88. Sur ces trois derniers feuillets, numérotés en chiffres romains, le dernier « i » a été soigneusement gratté, probablement pour que le cahier soit plus facile à classer pour le relieur (pas de saut de numérotation dans le cahier mais uniquement au changement de cahier). 



Le feuillet final (p2) porte la marque de libraire de Longis au verso. Il semble manquer aux quelques exemplaires répertoriés (parfois marqué comme feuillet blanc manquant[3]).


Cette traduction fait partie des très nombreuses traductions faites sous l’impulsion de François Ier. Jacques Colin en commença la traduction sur demande du roi. Toutefois, travaillant probablement trop lentement, un autre traducteur, a priori Jean Chaperon, est l’auteur du premier livre. L’ouvrage connut aussi de très nombreuses éditions XVIe siècle, au moins 16 rien qu’en français.


Un amateur a laissé cette note contrecollée en garde :

« Cet ouvrage, futile quant au fond, pédantesque et obscur dans la forme, serait d’une lecture insipide s’il n’était égayé par de nombreuses anecdotes racontées dans le langage original et le style naïf du 15e siècle. La plus grande partie du 3e et du 4e livres n’est à proprement parler qu’un recueil de bons mots et de traits piquants qui avaient cours à cette époque, et dont la plupart ont été bien souvent rajeunis dans les compilations modernes. E.C. » (la partie en gras a été reprise mot pour mot dans le catalogue Fonteneau).

Brunet, quant à lui, en dit : 

« La première édition de cette traduction a été imprimée à Paris, chez J. Longis, 1537, pet. In-8. La seconde [la nôtre] est préférable, mais ce n’est pas un livre cher ».

Notre édition est absente de la BnF[4].

On notera aussi que ces deux éditions de 1537 semblent avoir eu une diffusion très restreinte puisque Mellin de Saint Gelais, lorsqu’il publie sa traduction à Lyon en 1538, sous la direction d’Etienne Dolet, n’était a priori pas au courant de la traduction de Colin. 


Provenances : « E.C. », XIXe, qui a laissé la note en garde ; H Fonteneau, bibliophile parisien (quatrième vente, 15-18 mars 1906, n°111) ; André Lebey (1877-1938), écrivain, avec la note autographe « acheté trop cher - 28f ! Vente Fonteneau 15/03/05 ALebey ».

Un volume est passé dans la collection de Jean Kaulek (1857-1893) (12-14 décembre 1893, n°9) et avait appartenu précédemment à George Frederick Nott (1767-1841), ce semble être notre exemplaire[5]. Il était décrit : « reliure veau fauve genre anglais, jolie marque de Longis au dernier feuillet[6] ».


Plein veau début XIXe, décor sur les plats mêlant fleurons et feuillages à froid et filets dorés, dos à nerfs orné de fleurons dorés et à froid, tranches marbrées. Mors restaurés, mouillure ancienne assez claire.


Rare exemplaire, dans un second état qui semble jusque là inconnu.

VENDU





1  https://books.google.fr/books?id=uHActumwSVsC, numérisé sur l’exemplaire de la Biblioteca Casanatense, Rome, Italie. 

2  https://www.lardanchet.fr/castiglione-b..-fr.html, décrit avec 146 feuillets pour la première partie. 

3  voir l’exemplaire Lardanchet

 Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle (Paris-Musée, 2004), tome V (1536-1540), p.157, n°397. Ne sont signalés que des exemplaires à Madrid, Munich, New York et Wolfenbüttel et peut-être un 5ème exemplaire à Grenoble. 

 Le titre, mentionnant « vulgaire », permet déjà affirmer que c’est bien notre édition et non celle en caractères gothiques. 

6  sur le feuillet parfois décrit comme manquant et  « blanc » dans certains exemplaires.