[Manuscrit, électricité] Arsène Boivin, « constructeur électricien », « sonneries électriques », Exceptionnel manuscrit pour l’installation des sonneries électriques au château des Vaux (Eure-et-Loir) et pour l’hôtel particulier du 89 rue du faubourg Saint Honoré.
Manuscrit in-8 (20*14cm), 61f.
Exceptionnel manuscrit détaillant l’installation des sonneries électriques dans tout le château des Vaux (f.3 à 35) et dans l’hôtel particulier parisien (f.44 à 60). Les feuillets ne sont écrits que sur le recto, sauf les feuillets 60 et 61 (V°60, R°V°61 forment la table). Ces systèmes, anecdotiques dans les années 1860, se développent dans les années 1870, avant de se généraliser dans les années 1880. Ce qui fait l’extraordinaire de notre cas est la complexité et donc la taille du système détaillée au f.35 pour le château : 151 boutons, 35 sonneries, 85 numéros de tableaux indicateurs, 16510 mètres de fils utilisés, etc. Le même détail n’est pas donné pour l’hôtel particulier parisien, qui n’en demeure pas moins une installation importante (58 boutons, 12 sonneries).
Ce manuscrit a été offert par l’électricien à la marquise d’Aligre, née Marie-Charlotte de Préaulx (1854-1926), seconde épouse d’Etienne de Pomereu d’Aligre (1813-1889). Un tel cadeau prouve d’ailleurs l’importance de cette installation.
Le manuscrit commence par une page de dédicace de l’électricien au premier feuillet : « à Madame la Marquise d’Aligre, Hommage de profond respect, A. Boivin. Electricien ». Le second feuillet est un dessin original représentant les armes de la marquise, Pomereu d’Aligre et Préaulx, dessiné par Paul Faure (un inconnu). La suite détaille donc les deux installations, avec quelques feuillets blancs entre les deux parties (f.36 à 43).
On apprend aussi qu’un architecte, Delarue, a dirigé Boivin pour le château des Vaux. Delarue est probablement l’architecte (ou un des architectes) qui a dirigé les transformations du château à cette époque. Ce château, une des très nombreuses propriétés du marquis d’Aligre (il en avait une centaine à l’époque), et la plus belle, resta la propriété de la marquise jusqu’à sa mort en 1926. Le château fut racheté par les Apprentis d’Auteuil en 1946 et demeure leur propriété.
Le manuscrit mentionne aussi un architecte à Paris, E Thibault, probablement celui qui a fait construire cet hôtel particulier parisien qui n’existe plus.
Arsène Boivin (1840-1892) était un électricien qu’on piste un peu partout et un pionnier du sujet, on le retrouve pour diverses choses ou évènements en rapport avec l’électricité depuis la fondation de son entreprise en 1863 jusqu’à son décès :
- Exposant à l’importante et fameuse Exposition internationale d’électricité. Le Catalogue général officiel de cette exposition montre bien son importance puisqu’il y est cité à plusieurs reprises :
- Paratonnerres, sonneries électriques, thermomètres électriques, alarmes incendie, cible électrique (pour le tir), tableau indicateur, etc.
- Plusieurs électriciens proposent des systèmes Boivin (avertisseur, cible électrique)
- Mention d’une « exposition Boivin » avec reproduction de son appareil d’alarme incendie (p.186)
- Notons aussi que la Chambre Syndicale des entrepreneurs de sonneries électriques, à air, porte-voix et paratonnerres est fondée en 1881. Boivin en a vraisemblablement fait partie.
- Membre fondateur de la Société internationale des électriciens en 1884.
- Il eut différentes décorations : chevalier de l’ordre de Saint Grégoire le Grand en 1882, chevalier de seconde classe de l’ordre de Nichal Iftikhar, chevalier de la Légion d’Honneur en 1885. Il eut des dizaines de médailles aux expositions, souvent en or (Merbourne 1881, Amsterdam 1883, Anvers 1885, …).
- Le fils Henri-Arsène puis P. et L. Haegel reprendront l’activité (jusque dans les années 20?).
Reliure signée Lortic (sur le contreplat et étiquette en garde), plein maroquin rouge brique avec décor aux petits fers, fers représentant des oiseaux et des libellules, dos au petits fers reprenant notamment les oiseaux, doublé de maroquin bleu avec lion et soleil répétés en alternance sur l’entièreté des contreplats, gardes de moire bleue, doubles gardes marbrées, tranches dorées.
Reliure conservée dans sa boite recouverte de maroquin rouge brique à l’extérieur et de moire bleue à l’intérieur, avec un peu de velours sur le tour pour protéger le volume. Petit défaut sous l’étui.
Notons que le bleu est la couleur de fond du blason d’Aligre et rouge de celui de Préaulx. Le soleil est le meuble du blason d’Aligre et le lion celui de Préaulx.
Exceptionnel document.
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