Philippe Hecquet, Le brigandage de la Médecine dans la manière de traiter la petite vérole et les plus grandes maladies par l'émétique, la saignée du pied et le kermès minéral, avec un traité de la meilleure manière de guérir les petites véroles par des remèdes & des observations tirée de l'usage.
Utrecht, Corneille Guillaume Le Febvre, 1732. 2 volumes in-12, 207-41p & [2]-246p.
Edition originale de cet important pamphlet. Philippe Hecquet, qui fut élu doyen de la Faculté de Médecine de Paris en 1712, était un médecin réputé, janséniste rigide voire fanatique selon certains. Ce pamphlet mit en émoi la quasi-corporation que constituait la Faculté. En effet, cette époque était tendue entre médecins et chirurgiens et donc le pamphlet était inopportun. Les médecins le firent saisir et prirent comme arbitre le premier médecin du roi.
A l'époque de la parution, Hecquet était déjà infirme et à demi-paralysé (depuis 1726 en fait, année pendant laquelle il se retira dans le couvent des Carmélites). Il critique ici ses jeunes confrères adeptes de iatrochimie, vision alchimique de la médecine, les traitant de philosophes mitron et de médecins bouillans de levain. Cette diatribe qui ne voulait pas être un argument pour les chirurgiens le fut néanmoins. Hecquet en fut navré et rédigea dès 1733 un brigandage de la Chirurgie qui ne fut publié qu'en 1738.
Néanmoins, il marqua profondément son époque. Ainsi, Lesage, dans Gil Blas, moque la médecine sous le portrait de Philippe Hecquet devenu le docteur Sangrado, dont les principes médicaux se résument à la saignée. Hecquet se fit saigner plusieurs fois le jour même de sa mort. En 1748, 11 ans après sa mort, fut aussi publié un pamphlet contre lui : Réception du docteur Hecquet aux enfers.
Reliure pleine basane mouchetée, dos à nerfs orné, pièces de titre et tomaison maroquin, tranches rouges. Petits défauts aux coins, à une coiffe et en pied d'un mors. Beau papier bien conservé.
Edition originale rare, très bel exemplaire.
Prix : 450 euros (contact : benoit@troisplumes.fr)