Molière ; Anne Danican Philidor, Manuscrits de trois ballets : Ballet des Muses, Ballet de Flore, Le Bourgeois Gentilhomme
Paris, [1703-1705]. In-folio, 191p.
Exceptionnel manuscrit contenant les textes seuls de Molière (sans les partitions) pour trois ballets qui furent jouées sur des airs de Lully. Cette copie est réalisée vers 1703-1705, sous la direction du comte de Toulouse lui même et d’Anne Dalican Philidor (1681-1728), fils d’André et demi-frère de François-André, le fameux joueur d’échecs. André était alors Ordinaire de la Musique du Roi. On sait qu’au moins une douzaine de copistes ont travaillé à la bibliothèque de musique du comte de Toulouse.
Ce volume fait partie d’un ensemble de 8 volumes dédiés aux « anciens ballets » et porte la tomaison 8 sur le dos. Ces volumes étaient toujours ensemble quand ils ont été vendus en 1852 mais nous perdons la trace de 4 d’entr’eux. Seuls les tomes 2 à 4 et 8 semblent être restés ensemble jusqu’à ce jour (nous supposons que la série a été divisée lors d’une succession au XXe siècle).
Les trois textes contenus sont titrés ainsi :
- « Balet des Muses Dansé par sa Majesté à son chateau de St Germain en Laye Le 2 Décembre 1666 ».
- « Balet Royal de Flore Dansé par sa Majesté Le mois de Février 1669 ».
- « Le Bourgeois gentilhomme. Comédie Ballet donné par le Roy à toute sa cour dans le chateau de Chambort Au mois d’octobre 1670 ».
Le premier ballet, la ballet des Muses, commence par le dialogue de Mnémosine et des neuf muses, puis détaille les différentes entrées avec les acteurs, mêlant personnages de la cour et « Molière et sa troupe », au moment des 3e et 14e entrées, pour la pastorale comique et une comédie dont le texte entier est donné. Dans les personnalités on trouve par exemple le marquis de Mirepoix, le duc de Saint Aignan, madame de Montespan, le marquis de Rassan, mademoiselle de La Vallière.
Il est amusant de noter que Montespan et La Vallière jouent, avec Louis XIV, dans la mascarade espagnole de ce ballet (6e entrée) et jouent aussi dans la 13e entrée. La Vallière est toujours la maîtresse de Louis XIV qui ne connait que depuis très peu de temps Montespan. Cette dernière se rapprochera de La Vallière et c’est ainsi qu’elle rencontrera Louis XIV et deviendra la favorite à la place de son amie et de cette union naitra le comte de Toulouse.
Le second ballet, le ballet de Flore, donne l’argument du ballet. Le roi y jouera, bien évidemment, le rôle du soleil. D’autres personnalités y jouent aussi : la duchesse de Sully, le duc de Chevreuse, le duc de Vendôme, le duc de Saint Aignan, etc.
Le dernier ballet ou plutôt comédie ballet, Le Bourgeois gentilhomme, fut joué le 14 octobre 1679 au château de Chambord. Molière y jouera le rôle principal, monsieur Jourdain. Le texte de la comédie n’est reproduit que partiellement, on ne trouves que les chansons qu’elle contient. Les textes du ballet sont en revanche entièrement reproduits. Ils apportent en plus, par rapport à l’édition, le nom des chanteurs et musiciens pour chaque partie. On y retrouve notamment André Philidor qui est interprète dans l’orchestre, en tant que flûtiste.
Provenances :
- Louis-Alexandre de Bourbon (1678-1737), comte de Toulouse, 1er duc de Penthièvre, fils de Louis XIV et de madame de Montespan. Avec ses armes sur les plats et son chiffre LA dans les caissons.
- Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), second duc de Penthièvre, son fils.
- Marie-Adélaïde de Bourbon (1753-1821), mademoiselle de Penthièvre, duchesse de Châtres puis d’Orléans, épouse de Philippe-Egalité, sa fille.
- Louis-Philippe d’Orléans (1773-1850), duc d’Orléans puis roi des Français, son fils. Cachet du Palais-Royal au début de l’ouvrage.
- Catalogue de livres provenant des bibliothèques du feu roi Louis-Philippe. Deuxième partie. Paris, Potier, 1852. Vendu le 17 décembre 1852, n°921.
- Volume acheté vraisemblablement par Cretaine ou Payé, un des deux marchands français ayant acquis nombre de livres de la bibliothèque de musique du comte de Toulouse. Ils s’étaient partagé l’essentiel des volumes avec un marchand et collectionneur anglais, William Hope. La partie achetée par Hope est bien connue car elle fut rachetée par Sir Frederick Ouseley et dispersée en 1978.
- Henry Greffulhe (1848-1932), collectionneur, modèle de Proust pour le duc de Guermantes. Il le conserva dans un de ses châteaux qui avait aussi appartenu au comte de Toulouse et l’y laissa quand il vendit ce château.
- Château de …. jusqu’à ce jour.
Reliure plein veau, aux armes du comte de Toulouse au centre des plats, dos à nerfs, monogramme LA dans les caissons, pièce de titre maroquin, tranches dorées. Usures aux coins et aux coins, mors fendus en bouts, trace de tomaison (tome 8).
Exceptionnel document.
VENDU
A ce volume pourront se joindre les trois autres volumes qui restent de cette série, probablement divisée lors d'une récente succession. Les textes ne sont plus de Molière mais d'autres auteurs dont Isaac de Bensérade.